Le jeu du tramway
Ecoutez le témoignage
Anisa et Almedina. Pendant des moments de cessez le feu les enfants jouaient au «tramway» sur la place près de la Bibliothèque Nationale: le «vrai» tram ne circulait plus depuis le début du siège. Par mes recherches je découvre que ces enfants étaient originaires d’autres quartiers, des déplacées.
En passant par les écoles , les collèges, les universités j’ ai pu retracer Anisa qui étude médecine et Almedina, étudiante en agriculture. J’ai organisé un rencontre là où 12 ans auparavant ils avaient joué tous ensemble. Mais au rendez-vous il y avait aussi des surprises, des histoire inattendues.
Enfin Anisa et Almedina se rencontrent après beaucoup d’années et plongent dans leurs souvenirs et récits.
Anisa : Ce fou de photographe,est passé par l’école primaire, le lycée, et est remonté jusqu’à’ à la faculté de médecine où j’étudie, pour me retrouver .Il a fait le tour de la ville 3 fois!
Almedina : Enfin pas si fou que ça, tu vois! Après tout, nous revoilà ensemble. Qui l’aurait jamais imaginé?
Anisa : Moi, je t’ai reconnu sans hésitation sur la photo. Mais, franchement, je n’ai qu’un vague souvenir de nos jeux sur la place quand il n’ y avait pas de tirs d’obus depuis les collines. Toute ma famille a déménagé. On vivait là-bas, loin de nos quartiers.
Il paraît qu’il a fait le tour de toutes les facultés de Sarajevo avant de te retrouver dans celle d’ Agriculture
Almedina : Exactement. Je suis en deuxième année. Mais, pourquoi les autres ne sont pas ici ?
Anisa : Il a trouvé Aicha. Tu te rappelles d’elle. Elle a 21 ans aujourd’hui. Elle est mariée et mère de deux enfants. Mais pas de chance pour elle: elle a épousé un un musulman intégriste. Elle s’habille complètement en noir. On peut seulement voir ses yeux ! Son mari n’a pas voulu qu’elle soit sur la photo.
Almedina : Déjà à l’époque, elle portait des robes noires.Mais les autres?
Anisa – Le “grand garçon” à gauche, je ne me souviens pas de son nom. Il paraît qu’il est mort lorsque la guerre était sur le point de se terminer. Après, c’est toi avec une robe rouge trop grande pour toi. Là, c’est Amila qui a émigré en Suisse, puis Ivana avec son T-shirt jaune de l’équipe d’Italie avec ses parents et Aida, je crois car je ne suis pas sûre de son prénom, en jogging fuchsia. Elle vit en Macédoine, à Skopje.
Almedina : Drôles de destinées que les nôtres. On jouait ensemble sur les lignes du tramway. Nos chemins se sont séparés pour finir par se recroiser et toutes les deux, nous faisons des études à l’ Université.
Anisa – Le temps passe si vite!
Almedina : Justement. Il faut que je rentre dans ma banlieue à Stup. C’est là que je vis. J’ai beaucoup de retard dans la préparation de mes examens. Il faut que je travaille dur ce soir. Mais, c’est promis la semaine prochaine, on se voit à nouveau. On a tellement de choses à se dire!